Co-publiée en quatre langues par le Département de Théorie des Langages et des Sciences de la Communication (Universitat de València. Estudi General, UVEG) & The Global Studies Institute de l’Université de Genève. ISSN: 2174-8454 / e-ISSN: 2340-115X. E-mail: info@eu-topias.org / eu-topias@uv.es / eu-topias@unige.ch
La crise des valeurs qui caractérise le monde contemporain à l’aube du troisième millénaire, de la haute culture à la politique en passant par la communication de masse et l’éducation – entre autres champs disciplinaires, tous soumis, à ce qu’il parait, à la logique du marché – a produit un vide énorme dans le territoire de la pensée critique.
Le processus de mondialisation qui a atteint un point de non-retour avec la chute du Mur de Berlin, la fin de la Guerre Froide et l’implosion de l’URSS, n’a pas trouvé de solution aux problèmes d’émancipation de l’espèce auxquels la tradition de la pensée critique de la Modernité avait cherché à donner une réponse. Il est donc urgent de participer sans aucun dogmatisme à ce débat si nécessaire et inévitable.
Dans ce contexte, où penser la polis est l’interpellation essentielle, EU-topías cherche à intervenir en renonçant à la fausse idée d’intégralité des objets de la connaissance, qu’on ne peut plus aborder comme une somme de compartiments étanches, mais par des approximations partielles, spatialement et temporairement localisées, en acceptant que la pluralité contradictoire et fragmentée du monde réel nous force à introduire un dialogue interdiscursif et interdisciplinaire dans l’organisation de la connaissance.
De ce constat découlent les trois axes fondamentaux du travail de notre revue : 1) La nécessité d’approcher les problèmes surgis de la multiplicité de cultures qui constituent le village global et, par conséquent, le caractère interculturel du monde contemporain ; 2) La constatation de la fonction de « médiateurs intéressés » que les mass media ont assumé par eux-mêmes (du cinéma à la télévision et la BD, d’internet à la musique populaire) afin de greffer naturellement leur propre version des événements à l’intérieur de l’imaginaire social, et l’urgence d’analyser les modes rhétoriques selon lesquels cette médiation opère et 3) La volonté de placer le débat dans la perspective du projet d’une Europe commune, un projet qui n’est pas seulement économique mais fondamentalement culturel.
EU-topías commence son cheminement sous format trilingue, mais ne renonce pas à incorporer d’autres langues de la tradition européenne dans des futurs articles comme signe de notre volonté d’intégrer les différences qui constituent « le fait européen » – une vraie articulation d’hétérogénéités – plutôt que les dissoudre dans une sorte de melting pot aussi illusoire qu’impossible.
En somme, il s’agit de rendre au travail intellectuel la fonction politique qui lui revient, même si elle circule cachée sous le masque apaisant des « pratiques académiques » et, aussi, d’expliciter la discussion au sujet de la valeur sociale et politique de la réflexion théorique à tous les niveaux, dans un monde où – que cela nous plaise ou non – rien ne nous est étranger.