Mesurer l’urgence. Quantification des risques et identification des priorités
Résumé
Dans ce texte nous nous proposons d’aborder le processus de quantification de l’environnement à l’oeuvre depuis les années 1960 et de voir dans quelle mesure il permet d’interpréter en termes de durabilité et d’urgence les informations produites. L’explosion des moyens de collecte de données (débouchant sur ce qu’on appelle aujourd’hui le Big Data) semble ouvrir des horizons infinis pour l’analyse de toutes sortes de phénomènes socio-économiques ou environnementaux. Simultanément, les changements environnementaux actuels remettent à l’agenda scientifique et politique la notion contestée de limite. Les nouvelles données à disposition sont vues par certains comme la possibilité d’identifier de manière plus robuste des limites environnementales ou de développement. A contrario, la notion de limite, en particulier celle de « limites planétaires » semble procéder d’une double restriction, quantitative (fin des croissances illimitées) et conceptuelle (simplification de réalités complexes avec quelques valeurs critiques). Mais nous verrons que la limite ouvre également des possibilités de traduire les multiples données sur l’environnement en information régulatrice sur les équilibres fondamentaux à préserver et les priorités d’action. La première urgence est peut-être bien celle de produire cette information régulatrice dont les gouvernements, les entreprises, les individus doivent absolument disposer pour agir de manière pertinente et efficace dans un monde complexe et en changement.
Mots-clé
Quantification de l’environnement, Big Data, limites planétaires, durabilité et urgence