L’urgence politique, la nouvelle utopie sécuritaire et les menaces à la liberté et à la pensée
Résumé
Après les attentats terroristes qui ont eu lieu aux États Unis en 2001, et à partir de la nouvelle vague d’attaques en Europe ces derniers temps, l’urgence a motivé et justifié quelques-unes des décisions politiques les plus importantes, même dans des pays qui n’ont pas subi d’agressions directes. La recherche de la sécurité pleine, qui semble être devenue une nouvelle utopie, explique certaines décisions extralégales et favorise l’extension des facultés des pouvoirs exécutifs dans un nombre croissant de pays. De telle sorte que l’urgence aujourd’hui met en péril les bases de la démocratie : elle affaiblit les garanties pour l’exercice de la liberté, décourage la participation des citoyens dans les affaires publiques, elle entrave le débat et rend difficiles la pensée et le jugement autonomes. Partant des recherches de Hannah Arendt sur le totalitarisme et des analyses de Giorgio Agamben sur les Etats sécuritaires, nous montrerons que l’usage récurrent de l’urgence peut générer aujourd’hui des conditions oppressives. Ces conditions sont différentes de celles qui donnèrent lieu dans le passé à des régimes totalitaires, mais elles ont quelques points en commun qui réclament la réflexion, le jugement et l’action des citoyens et citoyennes.
Mots-clé
État d’urgence, état sécuritaire, totalitarisme, Hannah Arendt, Giorgio Agamben